mardi 27 janvier 2009

Autopsie du cerveau d'un fefan


Les dernières années ont vu l'apparition d'un nouveau type de supporteur de hockey.
Ces individus nommés judicieusement fefans par le journaliste Réjean Tremblay du quotidien La Presse, appellation qui semble une contraction des termes fefi (de fifi : anciennement vidangeur, boueur) et fanatique. Un individu tellement aveuglé par sa partisanerie aimant salir les opposants et blanchir son équipe ?
Le CH est pur et l'opposant est souillé ?

Il est donc judicieux de tenter de définir ce qu'est un fefan. Nous vivons dans une ère où l'information circule librement par le biais de véhicules différents, alors comment se fait-il que si peu d'informations soient différentes ? L'uniformisation, due à la machine de marketing des Canadiens de Montréal et aux pressions engendrées par un public lobomotisé par la presse écrite et parlée, gagne.
Les Anti-Habs entendent proposer une nouvelle approche d'un club de hockey : récit de l'échec par les faits, mais ceci n'est pas l'objet du présent billet.

Le problème des fefans, en règle générale, réside dans le fait que leurs informations ont une source commune : le monstre tentaculaire nommé les Canadiens de Montréal. Les pratiquants, (car on associe le CH à la religion), sont la télé, les radios en général, et la presse. Du fait que l’informateur est le même, les infos se ressemblent, les « Première Page » sont identiques (au style du journaleux près), et le danger fefan (propagandiste) guette. Les chroniqueurs, journalistes, lecteurs de nouvelles, ne voulant pas déplaire à l'autorité suprême et risquer de se faire couper leur ration de sandwiches et autres avantages « sociaux » allègremement distribués par le dieu tricolore (une sainte trinité, quoi : le bleu, blanc, rouge !) mènent la parade et s'associent ouvertement à l'équipe. Qui a dit que l'information ne devait jamais être biaisée, ? Certainement pas Benoit Brunet, ancien joueur des Habitants et maintenant analyste à RDS, unique diffuseur des matchs et donc porte-parole vendu à l'équipe.

C’est sans doute à la suite de ce constat « d’objectivité uniforme » qu’est venue l’idée de blogs différents, revendiquant ouvertement le droit à la subjectivité dans l’information (et plus marquée sur le site Anti-Habs et plus modérée chez Du sport avec du mordant). L’idée séduit.

Viennent les blockbusters, les sites numéros Un (RDS, La Presse) avec leur chronique Qu'en pensez vous ? et leurs blogues où le journaliste professionnel s'affuble du chandail du CH afin de prouver sa rectitude spirituelle, qu'il prêche la bonne parole. Les manchettes sont affublées de textes élogieux illustrées du preux CHevalier Kovalev, fidèle quant à la tête, mais affublé de prouesses musclées, le corps couturé de cicatrices et de blessures marquant les échanges vifs et virils impliquant le patineur russe; le reste de la « Une » est dans le ton : un article sur la « gentillesse » de Kovi, un autre très (trop ?) élogieux sur ses coéquipiers, un débat sur le talent de l'artiste (Débat ? Ça reste à voir, car le fefan et le journaliste-fefan ne débattent pas, ils prêchent la vérité, je vous l'ai déjà écrit).

Le fefan ne connaîtrait donc qu'un seul son de cloche, une seule note.
Mensonge ! C'est bel et bien faux, car il utilise deux quotations pour ses joueurs : 0/10 ou 10/10. Porter le flambeau pour cette équipe, c'est être tour à tour martyr et apôtre , crucifié ou porté aux nues. Toute une diCHotomie : une seule source d'information, mais deux jugements à l'opposé l'un de l'autre. D'où la vrai nature du fefan, un être bipolaire.

Passons alors au vif du sujet : en effet, le fefan revendique une liberté de parole, on peut penser qu'il dit ce qu'il veut... mais il refuse à l'Anti-Habs ce droit fondamental.
Le manque de profondeur de l'argumentation du fefan laisse perplexe. On touche le fond... On peut critiquer toutes les autres équipes, c’est même plutôt facile car aucune n'a vingt-quatre Coupes Stanley dans sa besace, et d’autres l’ont fait plutôt brillamment. Mais là, s’en prendre régulièrement à certains athlètes parce qu'en tant qu'agents libres ils ont choisi d'évoluer ailleurs, c’est-à-dire que les fefans font encore une fois appel à une apparence, une attitude, une origine, c’est confondre le sport à la religion, le libre-choix à l'hérésie. On ne peut être plus vide que cette mentalité fefanatique mais c'est aussi dangereux : on s'y prend à cinquante fefans pour tabasser un seul pauvre type qui exprimait son droit légitime d'être un partisan des Bruins de Boston suite à un match des séries éliminatoires 2007-08.
Alors un amateur de hockey est nul parce qu’il préfère une tierce équipe ? S'il est de Québec ou s'il n'aime pas le CH, donc c'est parce qu'il était fan des défunts Nordiques ? Parce qu’il est homo ? C’est ce que laisse penser l’argumentation du fefan...

Les verbillages des fefans ressemblent plus aux ragots de la taverne du coin qu’à des enquêtes. Si l’idée de ce texte était séduisante le résultat est plus que décevant. Le fefan ne distingue pas le vrai du faux et du préjugé, il déblatère sans rien avancer de fondé ou de raisonné.

Au final, les fefans portent bien leur nom : ce sont des gens du commun représentant bien la masse populaire. Et là, si vous me permettez, j'aimerais utiliser la locution latine Vox populi, vox Dei, généralement traduite par « la voix du peuple est la voix de Dieu ». Alors, qui tire les ficelles de cette mascarade ? La Sainte-Flanelle contrôlant les médias : Dieu dicte donc à ses ouailles ce qu'il faut dire.

Ainsi, comme Alcuin écrivait à Charlemagne en 798 :
Nec audiendi qui solent dicere, Vox populi, vox Dei, quum tumultuositas vulgi semper insaniae proxima sit
ce qui peut être traduit par :
« Et ces gens qui continuent à dire que la voix du peuple est la voix de Dieu ne devraient pas être écoutés, car la nature turbulente de la foule est toujours très proche de la folie »

Je n'élaborerai pas plus avant sur le phénomène fefan, sa nullité m’ayant convaincu de m’arrêter là...

 
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